Incarcéré depuis mai 2017, Joël Le Scouarnec est un chirurgien accusé d'agressions et de viol sur quatre fillettes. En parallèle, les gendarmes ont ouvert une enquête lorsqu'ils ont découvert des carnets personnels où le suspect décrivait des agressions sur des mineurs depuis 1989.
L'affaire fait grand bruit. Ce chirurgien accusé de pédophilie est aujourd'hui âgé de 68 ans, mais les faits remonteraient à 1989, s'ils sont avérés. Deux enquêtes visent aujourd'hui le praticien, incarcéré depuis mai 2017.
La première concerne des accusations d'agressions sexuelles et de viol sur quatre fillettes. Son procès en cour d'assises devrait se tenir en 2020. L'élément déclencheur fut le témoignage de l'une d'entre-elles. En 2017 elle accuse Joël Le Scouarnec d'exhibition et d'attouchements. Le médecin était son voisin à Jonzac en Charente-Maritime.
Déjà condamné en 2005
Auparavant, Joël Le Scouarnec avait exercé 18 ans dans des établissements bretons. D'abord 14 ans à la Polyclinique du Sacré-Cœur à Vannes, puis dans les hôpitaux de Lorient et Quimperlé entre 2004 et 2008. Ce n'est qu'ensuite qu'il a rejoint l'hôpital de Jonzac en Charente-Maritime.Pourtant, le docteur avait déjà été condamné en 2005 pour "détentions d'images pédopornographiques". Sa peine : quatre mois de prison avec sursis et 20.000 euros d'amende.
Contacté par téléphone, la direction du Groupe Hospitalier Bretagne Sud "n'est pas en mesure d’apporter des éléments relatifs à ce dossier" car l'hôpital de Quimperlé "était autonome à cette époque et ne dépendait pas du GHBS."
200 noms d'enfants sur des carnets
Lors de l'instruction, les enquêteurs tombent sur des éléments troublants au domicile du suspect, au cours d'une perquisition. Comme le révèlent nos confrères de Charente Libre, parmi ces éléments, les gendarmes examinent des carnets personnels.Sur ces pages manuscrites, une vision d'horreur. Le chirurgien a compilé plus de 200 profils d'enfants dans ses notes. Il y décrit le physique des enfants, les habits qu'ils portent puis les sévices qu'il leur aurait fait subir. Une deuxième instruction est alors ouverte sur la base de ces découvertes accablantes. L'avocat de Joël Le Scouarnec défend son client en déclarant que ces notes relèveraient du "fantasme" de son auteur et que les faits décrits ne sont pas avérés.Pourtant, des témoignages de victimes présumées du chirurgien sont édifiants. La plupart d'entre-elles n'ont aucun souvenir des aggressions mentionnés dans les carnets. Les victimes auraient été abusées alors qu'elles étaient en salle de réveil des hôpitaux où elles avaient été admises. Ces aggressions présumées, les victimes ne les ont apprises que dernièrement lorsqu'elles ont été auditionnés par les enquêteurs, soit bien des années plus tard.
Les extraits des carnets les concernant leur ont été communiqués. Elles sont tombés des nues à l'écoute des écrits rapportés par les gendarmes.
Des propos glaçants
Dans les colonnes du Télégramme, l'une d'entre-elles raconte qu' "il y écrivait qu’il n’avait qu’une hâte, que ma famille quitte ma chambre pour qu’il se retrouve seul avec moi. Il y a tout décrit : ce qu’il ressentait, le plaisir qu’il prenait. C’est très traumatisant de lire cela. Mais ça m’a conforté aussi dans mon statut de victime. Pour moi, ce type est un grand malade".Les enquêteurs ont un long travail devant eux. L'audition de l'ensemble des personnes mentionnées dans les carnets va prendre du temps. Sur les réseaux sociaux, un groupe dédié à rassembler les victimes du chirurgien s'est constitué fin juillet. Pour l'heure, les membres ne souhaitent pas s'exprimer, le temps de digérer et "de se faire aider par un psy" pour certains.